Il y a  quelques semaines je vous parlais de mon engagement dans une aventure hors des sentiers de la calligraphie : le MATSBOOTCAMP lancé par l’agent artistique New-Yorkaise Lilla Rogers, au travers de son site Make Art That Sells. Cette belle aventure s’est terminée fin mai, après 5 mois assez intenses.

Pourquoi m’être engagée là-dedans ?

C’est vrai qu’au départ je travaille plutôt la calligraphie, mais le dessin et la peinture ne sont jamais très loin. D’ailleurs cette année, j’avais vraiment envie de travailler les deux en parallèle, puis de les associer peu à peu. Les illustrateurs font beaucoup de lettrage, alors pourquoi pas de la calligraphie. L’un servant l’autre et réciproquement, bref, il me semble que l’on peut très bien les marier.

Mais en fait, au fond de moi, je crois que j’avais aussi envie d’un vrai challenge : quelque chose qui soit un cran au-dessus, que je savais que j’aurais du mal à suivre, qui me ferait explorer des zones inhabituelles (la fameuse « zone de confort », hein). Tout cela pour s’améliorer, mais aussi pour se mesurer aux autres tout en partageant.

C’est ainsi que je me suis engagée dans cette aventure. Je dis « engagée » car bien sûr c’est payant, donc pas question de lâcher en cours de route, de feindre un claquage de l’inspiration ou je ne sais quoi. Quand on signe… on y va !

Comment cela se passe-t-il ?

Chaque mois nous avions une thématique différente à explorer, puis un devoir à rendre. J’ai travaillé sur des thématiques variées : le thé, les chapeaux victoriens, les portraits de personnalités, la couture… Autant dire que j’ai accroché certains thèmes plus que d’autres, mais c’est là que cela devient intéressant : partir d’un point, imaginer un monde (qui a dit ça ?). Et là, c’est un vrai travail de créativité. Les outils, le medium, le savoir-faire… je dirais que c’est presque accessoire. L’objectif était davantage orienté sur l’expression personnelle. Mais j’ai aussi ressenti une grande bienveillance dans tout le process avec Lilla et les autres participants. Cette bienveillance qui te dit : « soit toi-même, aies confiance, fais ce que tu aimes, ce que tu aimerais avoir chez toi et n’aies pas peur ». Fondamental.

#tray #matsbootcamp
Réaliser un plateau sur le thème de la couture – version 1

Ce que j’en retire : savoir-faire & connaissances

Le plus gros défi, au-delà de la création pure, a véritablement été de finaliser des travaux sur Photoshop pour obtenir des compositions plus travaillée. Les deux premiers mois, j’ai bien peiné ! Maintenant je maîtrise mieux la bête, le scan des dessins, le nettoyage, la retouche, la composition avec des calques, etc… Il n’est pas simple à partir d’une peinture à la gouache de digitaliser son travail tout en conservant cet aspect organique d’un travail fait main. Trop de retouche tue le travail, pas assez fait très brouillon.

Réaliser un plateau sur le thème de la couture – version 2

Autre bénéfice, c’est l’ensemble des échanges avec la communauté qui participait à cet entraînement. Imaginez mille personnes, du monde entier, avec des approches et des styles totalement différents, des expériences inexistantes ou confirmées. Tout le monde pouvait s’adresser à la communauté pour obtenir des conseils, des astuces, des clés sur le métier d’illustrateur. Là, j’ai appris dix milles choses, connu de nouveaux talents. J’ai vraiment adoré l’état d’esprit. Tout le monde était à fond pour relever les challenges, mais la compétition n’avait pas sa place. Pas de jugement, plutôt des encouragements. C’était très vivifiant et stimulant. Moi qui avait une image du milieu artistique où chacun garde un peu ses trucs pour soi et veille sur son pré carré… C’était l’opposé, sans doute un état d’esprit très anglo-saxon.

Bénéfices : savoir-être

Pas facile de travailler sous contrainte : un thème imposé qui ne vous parle peut-être pas, un timing assez serré, mille voisins qui dégainent des réalisations magnifiques en un quart de temps… Il faut assurer ! Même s’il n’y a pas d’enjeu, on a envie de rendre un devoir qui tienne la route. Et là, il faut savoir être rapide, efficace, sagace. Pas évident, mais formateur. Par exemple :

  • Ne pas passer 4 jours sur Pinterest à faire des recherches, mais plutôt se donner un laps de temps de… 1 heure maximum !
  • Dessiner un maximum de choses, se lâcher, explorer, plutôt que de vouloir d’emblée produire un truc fini et parfaitement léché. J’en ai usé des feuilles !
  • Ne pas se laisser influencer par le travail des autres. Oser prendre un autre chemin, l’assumer, le montrer.
  • Savoir s’arrêter, lever le crayon et dire que c’est là, la version finale : en fait, on peut facilement passer des heures à peaufiner, refaire, reconsidérer. Du coup, boucler un travail, c’est parfois un défi en soi.
  • Quand l’inspiration pêche, ou que le défi est trop grand, y aller quand même, ne pas lâcher, sortir quelque chose.
Le thème des suffragettes, avec lettrage !

Vraiment, j’en ai bavé. Cet entraînement m’a parfois poussée dans des retranchements incroyables. Je ne peux pas dire que je sois hyper fière des œuvres rendues, sauf ce petit Horseguard avec sa tasse de thé. Mais je suis fière d’être allée au bout et d’avoir vécu cette expérience.

« Du coup, tu vas passer pro ? »

Ah ! ah ! on me l’a demandé cent fois ! Et bien non, toujours pas ! J’éprouve du plaisir à vivre mon art à fond, à mettre la barre haute, à apprendre continuellement, à transmettre ce que je peux. Cela ne suffit pourtant pas à me faire franchir le pas et à quitter mon job.

Des regrets ?

Evidemment… le manque de temps ! J’aurais aimé y consacrer plus de temps, rendre de meilleurs devoirs, enrichir encore plus mon portfolio. Mais avec un travail à plein temps, une famille… il faut gérer les priorités.

Autre regret, encore plus fort : mais où est-elle la Lilla Rogers française ??? Mince, c’est vrai : nous sommes un pays avec des purs talents, des créatifs, des créateurs mais j’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé de démarche similaire, de communauté aussi galvanisante, le tout encadré par un pro. Il ne faut pas s’y tromper, c’est un business, bien sûr. Mais un business attire 1000 participants pour une centaine de dollars, qui permet à un agent artistique de scanner 1000 talents potentiels dont certains se révèlent totalement au fil des mois. Vous me suivez ?

Lilla encadre ce bootcamp avec beaucoup de professionnalisme, beaucoup de bienveillance et de générosité. Elle nourrit son écurie, stimule la créativité, encourage ceux qui manquent de confiance en eux. Il y a de la place pour tout le monde, car il y a une infinité de façon d’exprimer son art. Il est permis d’être unique, « outsider ». Il est permis de dire « je suis un artiste » même si je n’ai pas fait une école d’art.  Elle est une business woman avisée, mais la démarche qu’elle propose est fantastique, si inattendue pour une française habituée à cette culture du cloisonnement, du diplôme, des élus, des bons et des mauvais.

Le dernier défi : réaliser une planche de comics à partir d’une photo de vieux objets bizarres : un croco en plastique, une photo ancienne, une carte postale, un appareil photo rouge…

Si le MATSBOOTCAMP vous tente …

Le Bootcamp est relancé chaque année. Les thématiques changent à chaque fois. Nombreux sont les récidivistes, d’ailleurs. Pour découvrir le programme des cours, cliquez ici.

Sachez donc que tout le monde est bienvenu, pas de prérequis si ce n’est :

  • de pratiquer l’illustration, le dessin
  • d’avoir un bon niveau d’anglais, quand même,
  • de pouvoir y consacrer un peu de temps pour  profiter pleinement.

De mon côté, je vais souffler un peu, reprendre les plumes et partir sur de nouveaux projets !

A très bientôt

Véro

#lettresanco

 

 

 

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5 thoughts on “Bilan de 5 mois d’entraînement à l’illustration”

    1. bah zut… j’ai réessayé sur pc, portable etc : pas de soucis. J’ai l’impression qu’il y a parfois des problèmes de chargement. Je vais voir ça ! Merci de m’avoir remonté le souci en tous cas, bisous

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