Si vous pratiquez la Copperplate (ou anglaise); vous avez certainement entendu parlé de Flourishing, que l’on pourrait traduire par “fleurissement”. Ce terme est utilisé par les anglo-saxons pour désigner les arabesques qui ornent l’écriture anglaise. Loin d’être exécutées au hasard, elles répondent à un équilibre subtil de mouvements et de formes.

Evidemment, en commençant l’anglaise, j’ai voulu me lancer dans ces belles volutes. J’ai vite déchanté car bien sûr, cela ne se fait pas en claquant des doigts. Il m’a fallu du temps pour comprendre pourquoi je ne pouvais pas reproduire d’emblée des modèles, pourquoi c’était moche, alors que sur Instagram je voyais des vidéos qui laissaient croire que c’était trop facile.

Petite leçon au passage : ne pas se laisser berner par des vidéos, même d’amateurs ! Derrière ces quelques secondes de pure glisse, des années de pratique, des kilomètres de labeur.

De plus les livres de calligraphie en français sont plutôt sibyllins sur la question. Les livres en anglais n’en disent pas beaucoup plus. Du coup, j’ai commencé à m’entraîner comme j’ai pu. Pour cela j’ai laissé momentanément la plume pour prendre un crayon de papier (HB/B). L’objectif étant d’acquérir le mouvement et les formes, j’ai opté pour un outil plus simple d’utilisation que la plume. Disons aussi un outil qui suscite moins d’appréhension, pour être plus libre.

Je vous explique ci-dessous mon cheminement, si cela peut vous aider. Autant dire que je ne suis pas au bout du chemin, donc tout ce qui est expliqué ci-dessous reste à ce stade un partage pour qui veut.

Exercices d’échauffement au crayon de papier

La base des arabesques : l’ovale

Pour commencer notre échauffement, je vous propose de tracer des ovales sur le même axe, sans effet de plein ou de délié. Vous pouvez les démarrer en partant de bas en haut, puis du haut vers le bas. Essayez d’avoir un mouvement régulier, ni trop lent, ni trop rapide, et un trait léger. Ce qui est important, c’est que ce soient votre bras et votre épaule qui dirigent le mouvement, et non le poignet. Le bras ne doit pas être en appui sur la table. De ce fait, la main, les doigts et le poignet sont assez immobiles, en prolongement du bras qui bouge.

Si vous répétez cet exercice vous constaterez qu’au bout de quelques lignes votre forme est plus régulière.

Vous pouvez ensuite faire ce même exercice, toujours pour vous échauffer, de haut en bas.

Les zigzags et les premières arabesques

A ce stade, vous avez normalement “libéré votre bras” et votre cerveau commence à coordonner le mouvement. Ah oui, parce que je ne vous l’ai pas dit : faire des arabesques c’est avant tout un exercice psycho-moteur, un exercice de coordination et de mémorisation de mouvements “types”. D’où la nécessité de s’entraîner.

Bref, c’est parti pour des zigzags!

… qui peu à peu commencent à ressembler à des arabesques :

Notez que le mouvement est très léger, comme si la main volait au dessus du papier. A ce stade, toujours pas d’effets plein/délié.

 

Exercice pour préparer l’enchaînement lettre-arabesque

Cet exercice permet de se préparer à enchaîner une arabesque à la fin d’un mot, par exemple. Il provient directement de mes cours de gestuelle, mais trouve toute sa place ici, vous comprendrez vite pourquoi.

Pour se faire, tracer une lettre encapsulée dans une boucle, comme une arobase. Le “u” est une bonne lettre pour l’exercice. Pour varier, faites plusieurs lignes en changeant de lettre. Ce qui est important ici, c’est que l’enchaînement lettre/boucle se fasse d’un trait. Donc on fera plutôt une pause avant de tracer le dernier jambage de la lettre, puis on tracera le dernier jambage + la boucle en une fois.

Après, on peut commencer une vraie arabesque en sortie de mot :

J’ai pris le “u”, mais vous pouvez bien sur choisir d’autres lettres. La première tentative en haut à gauche est toute moche, puis ça s’améliore… C’est aussi parce que mon mari est venu m’interrompre en plein élan dans cette première lettre 😉

Exemple de variation avec la barre du “t” :

En rouge, une auto-correction

 

Arabesques en début de mot (majuscules)

Pour s’entraîner à faire des boucles pour les majuscules, on s’échauffe aussi avec des ovales, mais de droite à gauche cette fois-ci. Dans l’exemple ci-dessous, je les ai tracées au crayon de couleur, en travaillant un peu plus la pression pour obtenir un plein et un délié.

Ce qui importe, dans cet exemple, c’est que l’axe des boucles soit bien le même.

Ce qui importe aussi, c’est que le trait soit vif, sûr sans être raide. La boucle de gauche laisse un peu à désirer de ce côté-là.

Poursuivre l’entraînement avec des mots

Vous pouvez ensuite commencer à vous exercer avec des mots simples, toujours au crayon.

Ici pas de lignes, vous l’avez remarqué : l’objectif est vraiment d’imprimer un mouvement et de libérer le bras. Les anglo-saxons appellent d’ailleurs cela “off-hand calligraphy”, ou calligraphie à main levée, ce qui veut tout dire.

S’auto-évaluer pour progresser

Inutile de dire que vous m’entraîner je noircis beaucoup de pages. C’est inévitable, car l’exercice demande beaucoup, beaucoup de répétitions. Il faut aussi faire des pauses, et observer ce que l’on vient de faire, prendre du recul et s’autocritiquer (gentiment !).

Ma petite routine pour cela est de reprendre les formes avec un stylo d’une autre couleur (allez, rouge !). Cela vous aidera aussi à entrainer votre oeil (pff, je sais ça fait beaucoup d’entrainement… mais c’est ça la calli !)

Pour résumer

  • La base des arabesques est l’ovale
  • L’entraînement est nécessaire pour des raisons purement psycho-motrices. Votre cerveau, votre œil ainsi que votre bras doivent apprendre et mémoriser un mouvement coordonné.
  • Pour débuter, rien de tel qu’un bon crayon de papier et une pile de feuilles ordinaires
  • C’est le bras/l’épaule qui dirige le mouvement
  • Au début de chaque séance, on s’échauffe
  • Le geste est ample, régulier, ni trop lent ni trop rapide – ni trop mou ni trop raide.
  • A la fin de chaque séance, on prend le temps de se relire, de noter ce qui va, de corriger ce qui ne va pas

A force de tracer des arabesques, cela va devenir plus naturel (enfin, c’est ce que je me dis !). C’est un peu comme au piano, à force de répéter les mêmes mesures, les mains finissent par jouer toutes seules.

 

 

Comme vous le voyez, il me reste du chemin à parcourir. Si je dégote quelques astuces supplémentaires, je reviendrais compléter l’article et promis, dès que j’ai plus d’aisance avec la plume, je vous fais un petit topo.

Si vous voulez voir de belles arabesques, j’en ai réuni quelques exemples dans un de mes tableaux Pinterest.

N’hésitez pas à me faire part de vos secrets dans les commentaires, si pour vous le flourishing n’en a plus (de secrets) !

A bientôt

Véro

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2 thoughts on “Entraînement pour les arabesques”

  1. Autre chose pour déculpabiliser face aux vidéos et aux exemples magnifiques: il faut garder à l’esprit que les arabesques c’est comme les filles en maillot de bain. Elles prennent une cinquantaine de photos en rentrant le bide et en sortant leurs boobs au max, et sur le total y’en a toujours une où elles ont l’air super gaulées et c’est celle-là qui finit sur Instagram. Mes enveloppes d’anglaise à arabesques c’est pareil. Je bousille à peu près 10 feuilles avant de faire une lettre enjolivée digne de ce nom… et je ne poste que la belle enveloppe, jamais les essais tous pourris qu’il y a derrière.

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