Votre écriture manuscrite n’est pas très soignée, peu lisible ou franchement inesthétique ? Est-ce que l’apprentissage de la calligraphie peut venir à votre rescousse ? Je vous propose quelques réflexions sur le sujet…

L’art de la belle écriture ne nécessite pas… de savoir bien écrire !

Une phrase que l’on entend souvent lorsqu’on pratique la calligraphie est : “Pour arriver à faire ça, il faut déjà avoir une belle écriture au départ”. Evidemment, c’est faux : les calligraphes n’ont pas forcément une écriture manuscrite super belle quand il s’agit de faire leur liste de course ou de prendre des notes à la volée. Cela ne les empêche pas d’avoir une belle main calligraphique, mais cela est le fruit de leur entraînement. De plus, comme nous le verrons plus bas, l’apprentissage de l’écriture et de la calligraphie (au sens artistique du terme), s’abordent de façon différente :

  • avec un objectif fonctionnel/utilitaire pour l’écriture manuscrite : savoir prendre des notes, faire une liste, lire un document manuscrit
  • avec un objectif esthétique pour la calligraphie

J’y reviendrai plus bas.

Inversement, on m’a une fois demandé : “Est-ce que la pratique de la calligraphie t’a permis d’améliorer ton écriture manuscrite ?”. La réponse est non : mon écriture n’a pas évolué depuis mes années lycées. Malgré des années de pratique de la calligraphie, rien n’a changé dans mon écriture de tous les jours. Cependant, j’avais toujours été attentive à mon écriture que j’avais pas mal peaufiné et surtout j’ai toujours adoré écrire à la main.

écriture manuscrite stylo plume
Sans phare, mon écriture de tous les jours qui est loin loin d’être “calligraphique” !

La pratique de la calligraphie : une façon de surmonter le vécu scolaire

Maîtriser l’écriture cursive est un apprentissage complexe

Beaucoup de personnes ont un vécu un peu douloureux ou stressant avec l’écriture cursive : l’apprentissage de l’écriture est une des activités motrices les plus complexes à intégrer pour un enfant. Cela mobilise en effet des capacités psychomotrices qui ne sont pas du tout innées, et qu’il faut beaucoup entraîner. Il n’est pas incongru de penser que pour certains, cet apprentissage est même douloureux physiquement et psychologiquement, d’autant plus s’il n’est pas bien guidé. L’acquisition du geste, pour reproduire la forme de la lettre, peut être très contraignant, fatiguant et crispant.

Au-delà de la difficulté à maîtriser le geste, produire un résultat inesthétique et/ou illisible met un sacré coup de canif dans l’égo du petit enfant qui a fait tant d’effort. Au fil des années, une écriture “pas jolie” finit par vous coller aux semelles comme un vieux chewing-gum :

  • D’abord les profs grimacent à chaque fois que vous leur tendez une copie (alors que vous êtes déjà mortifié(e) de rendre un écrit aussi moche)
  • Les copains/copines se moquent de vous
  • Vos parents se désespèrent devant vos cahiers
  • Vous avez du mal à relire vos notes parce que vous avez galéré puissance 10 pour les prendre tout en écoutant le cours;
  • Une fois adulte, vous écrivez des lettres de motivations qui seront dézinguées par des graphologues vicieux (ceux qui demandent encore des lettres manuscrites) et vous feront louper le job de vos rêves;

Autant de situations finalement dans lesquelles l’écriture est synonyme d’humiliation, d’échec et de pénibilité. Le passage au clavier, à cet égard, est un don des dieux, un instrument d’égalité, aussi.

Quand le désir d’écrire s’invite à nouveau

Pour autant, le désir d’écrire, pour soi, peut ressurgir à tout moment. Ce peut-être dans le cadre d’une démarche de développement personnel (écriture d’un journal), pour écrire à quelqu’un à qui on tient (ou à un graphologue vicieux), pour consigner ses pensées, ses idées… Eventuellement cela peut servir le jour où vos tablettes, téléphones et autres outils numériques n’ont plus de batterie. Mais attention, la bête noire refait surface : cette écriture qui vous a fait honte toute votre  vie, ou cette difficulté à tenir un stylo plus de 10 minutes sans avoir une crampe.

C’est à ce moment que la calligraphie peut aider à surmonter les difficultés que l’on a pu rencontrer avec l’écriture manuscrite apprise à l’école.

Calligraphier, c’est vivre l’écriture autrement

Tout d’abord, l’apprentissage de la calligraphie latine ouvre une toute nouvelle perception de ce qu’est une simple lettre. En commençant par le début, avec par exemple une onciale tracée avec un outil assez large comme un calame, on expérimente quelque chose de totalement nouveau :

  • prise de conscience des formes, des espaces blancs;
  • prise en main d’un outil spécifique et original : plume, calame
  • fluidité de l’encre, le bruit de l’outil sur le papier;
  • révélation de la forme tracée, etc.
#calligraphie #onciale

On est loin du combo bic bleu/cahier Seyès (d’ailleurs, si vous souhaitez améliorer votre écriture, commencez par fuir le stylo bille !).

Quelque part, le geste d’écriture est plus ludique et le rendu totalement esthétique et artistique. Et ça, avouons-le, on l’a rarement vécu en classe !

Pratiquer la calligraphie permet d’aborder l’écriture avec un œil nouveau. On peut apprendre à aimer les lettres. On peut découvrir le plaisir de se concentrer sur un tracé et de le réussir. On peut constater les progrès après avoir fourni les efforts nécessaires pour s’améliorer. On peut réapprendre les gestes. On peut (re)découvrir le plaisir d’écrire, de poser des mots sur le papier, de les transmettre à quelqu’un, tout simplement.

Calligraphier : un plaisir gratifiant

Il y a quelques temps, j’ai eu l’occasion d’initier des enfants à la calligraphie. Ils ont littéralement adoré, alors que nombre d’entre eux m’avouaient qu’il détestaient écrire ou que leur écriture était “pas belle”. Ce qui les a emballé, c’est avant tout le fait de pouvoir faire un truc “médiéval” (la puissance des chateaux forts, des chevaliers et des princesses !). C’est aussi l’utilisation d’un outil totalement hors temps : la plume !

calligraphie enfant

Et enfin, je crois qu’ils ont surtout vécu une vraie expérience : tracer des lettres et des mots pour le plaisir et pour épater les copains en écrivant comme dans Harry Potter! Pour autant, ils n’ont certainement pas amélioré leur écriture manuscrite, mais au moins ils ont appris qu’écrire à la main peut-être extrêmement gratifiant.

Conclusion : la calligraphie pour renouer avec l’écriture

En conclusion, NON, la pratique de la calligraphie n’aidera pas à améliorer votre écriture manuscrite de tous les jours à proprement parler :

  • A moins de faire votre liste de course en gothique, les écritures historiques pratiquées en calligraphie sont tout de même très éloignées de l’écriture cursive que vous avez apprise à l’école
  • Le geste et l’intention ne sont pas les mêmes non plus, l’écriture manuscrite courante étant plus utilitaire qu’artistique

En revanche, la pratique de la calligraphie peut vous aider à surmonter le vécu douloureux que vous avez eu avec l’apprentissage de l’écriture, via une nouvelle expérience. En retrouvant le plaisir de tracer des lettres, de vous exprimer sur le papier, il n’y a qu’un pas pour que vous décidiez d’accorder plus d’attention à votre écriture manuscrite et que vous lui donniez une seconde chance.

Pour aller plus loin, quelques articles intéressants sur l’écriture manuscrite :

Et pour finir, je n’ai rien contre les graphologues, évidemment !

A bientôt

Véro

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