Retour sur un stage de 2 jours à Lyon, hébergé par l’association Les Chemins de l’Ecriture et animé par le grand calligraphe italien Massimo Pollelo. Nous avons travaillé la gestuelle en se basant sur la Chancelière et en utilisant différents outils (j’ai encore mal aux dents, rapport aux vibrations du cola-pen, mais cette exploration était très enrichissante !).
La plume Speedball
Une des révélation du stage fut sans doute l’utilisation des plumes larges Speedball pour tracer la gestuelle.
La Speedball est une plume américaine biseautée d’une grande souplesse, contrairement à sa cousine allemande la Brause qui est très dure. Elle dispose d’un réservoir en laiton, et existe en 6 tailles.
Je l’avais déjà utilisée pour la Chancelière formelle, car elle permet d’ajouter une bonne dynamique aux lettres grâce à sa souplesse. Comme elle glisse très bien sur le papier, il était en effet opportun de l’utiliser pour la gestuelle.
J’avais déjà essayé toute seule dans mon coin de faire de la gestuelle avec une plume large, sans grand résultat. Les explications et démonstrations de Massimo, ainsi que son approche, m’ont permis d’apprivoiser un peu mieux l’outil.
On commence par travailler le trait, comme toujours, en veillant à être bien tendu (mais pas raide). Le geste est énergique, et on hésite pas à appuyer sur la plume pour bien marquer le contraste dans les traits descendants.
Pour la gestuelle, il faut beaucoup de liquide : donc de l’encre bien fluide, du brou de noix ou de la peinture (gouache ou aquarelle) bien diluée. La plume est trempée directement dans le pot, et non chargée au pinceau, et on y va.
Répéter le geste, travailler le rythme et le contraste
Il faut faire quelques lignes pour bien trouver sa position. En l’occurrence, j’ai un peu incliné ma feuille pour être plus à l’aise. Il faut aussi, bien sûr, que le bras qui écrit puisse se mouvoir sans contrainte : donc on veille à travailler sur un plan bien dégagé.
Nous avons ensuite travaillé les lettres ascendantes et descendantes, en exagérant parfois les hauteurs pour donner du rythme et du contraste. Nous avons aussi travaillé serré, puis un peu plus espacé. Le plus difficile est de veiller à la régularité.
Pour bien imprimer le geste, Massimo nous a recommandé de travailler sur des séquences de lettres intéressantes, et de répéter plusieurs fois cette séquence. De la répétition vient l’habitude, notre psycho-motricité est mobilisée, tous les sens sont en éveil y compris l’ouïe avec le crrr..crrr..crrr… cadencé des plumes des stagiaires. Nous avons ensuite choisi un mot avec des lettres ascendantes et descendantes, et l’avons répété encore et encore en jouant sur des variations en hauteur ou en largeur. J’ai dû écrire à peu près 200 fois le mot « misanthrope », et en effet, à force de répétition, ça rentre et on crée des automatismes.
Travailler sur de beaux papiers
Après quelques exercices sur du papier ordinaire, Massimo nous a demandé de continuer nos exercices sur du beau papier. Ça fait un peu mal de s’exercer sur du beau papier, n’est-ce pas, mais cette approche est vertueuse dans le sens où la plume glisse mieux et l’encre a un rendu beaucoup plus beau que sur du papier ordinaire.
On hésite toujours à se lancer avec du beau papier parce qu’on a peur de rater, ou parce qu’on souhaite le garder spécialement pour des travaux très réfléchis, des chefs d’œuvre (!). Mais c’est une erreur : on apprend énormément en utilisant du papier de qualité, et des papiers de qualité différentes. Ce travail n’est pas perdu, on peut toujours en faire quelque chose de sympa : pour des enveloppes, des cartes, des collages, etc. Lors du stage, l’idée de Massimo était de nous faire réaliser un livret en origami, une très belle idée pour rassembler tous ces travaux dans un book d’artiste.
Pour le stage j’ai travaillé sur du papier Rosaspina de Fabriano (autant prendre du papier italien !), du Ingres MBM et du papier Ingres de couleur. Si vous cherchez de beaux papier pour calligraphier en gestuelle, n’hésitez pas à vous tourner vers les papiers « Edition d’Art’. Ils sont faits pour l’impression (lino, estampe), donc l’encre ne fuse pas dessus, la trace est précise.
Il reste encore du travail, de la répétition, pour peaufiner le style et obtenir un équilibre bien contrasté. Ce stage était vraiment très chouette, avec en sus la compagnie haute en couleur de mes amies calligraphes Agathe Richard, Marine PSM, Claudine Brunon, Céline Foissey, mon amie Roseline, Hélène de Papier Mirabelle, Christine de Quintessence_aquarelletters, Jean Mi aka @layote, et les élèves de l’asso.
Pour aller plus loin, je vous invite à découvrir la très belle vidéo de Claudine, mettant en scène son travail durant le stage au travers du carnet origami.
A très bientôt,
Véro
Bonjour Lettres and co, ton article résume à merveille ce que nous avons fait ce week-end là. Ton livre d’artiste est très beau et j’aime beaucoup ton misanthrope. Merci pour le lien vers ma vidéo !
A bientôt au détour d’un stage …
Claudine