Début septembre, j’ai eu la chance d’être choisie comme sujet pour un travail photographique. Le thème de ce travail était “Art & Matière”, et il fallait que la photographe suive le process d’un artiste sur une journée. J’ai proposé non pas de mettre en scène un sujet sur la calligraphie elle-même, mais sur la réalisation d’encrages de végétaux. D’une part, je trouvais le sujet plutôt photogénique, d’autre part, j’avais envie de faire quelques encrages avant la fin de l’été.
Emmanuelle, photographe amateur en cours de formation à l’institut Nicéphore, est donc venue me retrouver dans ma campagne pour shooter la séance de A à Z. Elle a décrit son travail sous l’angle photographique dans un bel article reprenant ses clichés en noir & blanc (contrainte imposée pour son devoir). Je vous livre ici ma version des faits, illustrée par ses très belles photos, en couleur cette fois-ci.
Les élèves de Marine Porte de Sainte-Marie qui suivent Lettres & Co reconnaîtront une technique qu’elle a mise en scène dans de nombreuses œuvres, comme celles illustrant l’article sur la composition. C’est en effet dans son atelier que j’ai appris à réaliser des encrages, en 2015. C’est un stage qu’elle propose chaque année et qui remporte un immense succès, amplement justifié.
Si vous passez par ici et que vous avez prévu d’aller faire son prochain stage d’été, pas de souci, l’article n’est pas un SPOILER ! J’explique simplement quelques étapes de travail, et vous laisse le plaisir de découvrir l’intégralité de cette technique étonnante lors de votre stage !
A la recherche de végétaux
Au point de départ, il y a bien sûr la recherche de feuillages, d’herbes et de fleurs. En forêt, dans votre jardin, en bordure des champs, il faut se laisser porter et sélectionner une belle variété de végétaux. C’est l’occasion d’une jolie ballade-cueillette, avec un petit panier en osier. L’occasion aussi de porter son attention sur toutes ces herbes qui bordent les chemins et auxquelles nous ne faisons pas forcément attention, alors qu’elle ont des formes très graphiques ou très originales.
La préparation
Pour capturer ces empreintes végétales, il faut disposer d’un matériel spécifique : des rouleaux, des encres de linogravures et du papier très fin (type papier de soie ou mieux, du papier chinois). Il faut aussi une spatule et une plaque de plexiglas pour travailler l’encre.
L’encrage des végétaux
Les feuillages collectés sont disposés sous la feuille, puis le rouleau encré vient imprimer leur trace sur le papier.
L’opération est répétée plusieurs fois sur l’ensemble de la feuille, en jouant sur les contrastes, les superpositions et les jeux de transparence.
Il est possible d’imprimer directement une feuille sur le dessus, en l’imprégnant préalablement avec l’encre. Pour une belle trace, il faut appuyer fermement sur le rouleau, mais pas trop pour ne pas faire suinter la sève de la feuille fraîche. Tout est question de dosage !
Le processus est ainsi répété à l’infini. Lors d’une séance, compte-tenu du temps de préparation et de mise en place, je réalise une bonne dizaine de “planches”. Celles-ci sont ensuite mises à sécher délicatement pendant quelques heures ou une journée, selon le degré d’humidité ambiant.
L’utilisation des encrages
Une fois sec, les encrages peuvent être utilisés comme fond pour les calligraphies. On va d’abord parcourir le travail réalisé avec une fenêtre, et repérer des zones intéressantes. Ce travail de cadrage est très inspirant, et nous emmène déjà vers la composition d’une oeuvre.
La zone est ensuite découpée et collée sur un papier épais, en utilisant une technique de marouflage comme le font les artistes chinois. C’est une étape délicate, qui nécessite un petit tour de main !
Pour pouvoir calligraphier le texte, il est préférable de vernir l’encrage (avec du vernis en bombe tout simple). Là encore, il faudra patienter, afin que tout soit bien sec avant d’écrire dessus. Travailler des encrages est un processus qui se déroule sur plusieurs jours, pour lequel il est impératif de prendre son temps. C’est un peu du “slow art” pour parler branché !
Les planches réalisées peuvent servir plusieurs mois après, au gré de l’inspiration. C’est pourquoi je fais en général une bonne séance par an, soit une dixaine de grandes feuilles, pour avoir un petit stock.
La calligraphie
Ces fonds texturés sont parfaits pour accueillir de jolis mots. On peut écrire à la plume, au tire-ligne, au feutre… utiliser de l’encre ou de la gouache. Ce qui importe, c’est que le travail soit bien sec.
Certains encrages se suffisent aussi à eux même, sans écriture, pour réaliser de petits tableaux.
Voici ce que peut donner le travail une fois fini :
Vous pouvez découvrir d’autres travaux réalisés avec cette même technique chez Quintessence_aqualetters, ou Lettres Vagabondes et bien sûr dans le portfolio de celle qui nous a tout appris, Marine !
J’espère que cette petite ballade dans le monde des encrages vous a inspiré.e.s, et encore un grand merci à Emmanuelle pour cette belle collaboration au tour de l’Art et de la Matière,
Véro
Trop chouette, ton article, Véro ! J’adore les photos d’Emmanuelle, elles sont très belles. C’est vrai que la cueillette est un moment à part entière, une sorte de balade méditative, pour vivre le moment présent et voir les plantes sous un nouveau jour. J’aime beaucoup la façon dont tu en parles.
Et… Merci pour la pub 😘
Il est clair qu’on ne voit plus les plantes de la même manière après ce stage !
Je ne pouvais que te citer, puisque c’est toi qui m’a appris : mais j’espère que cette “pub” ne va pas générer trop de frustrations vu que ton stage est toujours complet années après années!
merci pour ce reportage, on s’y voit! j’aime le côté préparatoire de la cueillette des végétaux, c’est toujours la surprise lors de l’encrage…
merciiii et bravooo, superbeeeeeee, Tiffany
Merci !