Ces derniers mois, j’ai “gouaché” tout mon saoul. J’ai travaillé sur sur différents types de supports, différentes qualités de papier. Et j’ai eu différentes qualités de résultats…

Indépendamment de l’illustration ou de la peinture elle-même, le papier a une influence incroyable sur le rendu de l’œuvre finale. Je n’utilise que de la gouache extra-fine, donc le medium reste à chaque fois le même et c’est normalement le top. C’est réellement le type de papier utilisé qui peut faire la différence, démonstration ci-dessous :

1. Dans mon sketchbook

J’ai un sketchbook dans lequel je fais plutôt des études assez rapides. C’est du papier ordinaire, lisse, blanc, avec un grammage de 120g.

Sur ce papier, la gouache adhère moyennement bien. Les traces de pinceau et d’eau sont facilement visibles, et la peinture, en séchant, a un rendu mat et terne. Les couleurs sont belles, bien qu’elles manquent un peu d’éclat et surtout de profondeur. Je trouve le rendu assez “artificiel” en fait.

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Sketchbook premier prix Cultura

2. Dans mon sketchbook “DeLuxe”

J’ai un très beau sketchbook de la marque Lana qui m’a été offert l’an dernier. Les pages sont en papier dessin de qualité, épais, avec un léger grain, sans acide. Il est davantage conçu pour les techniques sèches (crayon, fusain…) que pour les techniques humides (encre, peinture). D’ailleurs, je ne peux pas calligraphier dessus, il fait buvard. Même au feutre fin, c’est un désastre.

Pour la gouache, le support convient pas mal. Il absorbe très vite la couleur, alors que dans l’exemple précédent, elle restait en surface. En revanche, comme il est très poreux… les contours manquent parfois de netteté.

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Sketchbook Lana

3. Papier bristol, ou card-board pour l’illustration.

J’ai vu que mes collègues de Bootcamp utilisaient volontiers des blocs spéciaux pour l’illustration, louant leurs qualités pour le travail à la gouache. Evidemment, j’ai voulu essayer. Bien que sans acide, très blanc, très lisse, j’ai été très déçue. Le papier n’est pas suffisamment absorbant. Les couleurs peinent à pénétrer la fibre, ce qui crée des auréoles et des traces.

De plus, alors que le papier est très blanc, les couleurs ne sont pas particulièrement vibrantes. J’avais plutôt l’impression d’utiliser une gouache ordinaire. Donc je vais garder ce bloc pour des esquisses, ou des dessins au crayon, ou des travaux à la plume.

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Cardboard Illustration

4. Le papier aquarelle ordinaire

J’ai un gros bloc de Papier aquarelle Gerstaecker Classic : “Sa surface d’un blanc subtil et chaleureux sera propice aux plus belles inspirations. Sans acide ni azurants optiques, avec réserve alcaline, collé dans la masse et en surface, ce papier aquarelle résiste parfaitement à la lumière et au vieillissement.”
Le mot-clé ici est “colle”. Plus il y a de colle dans le papier, plus la couleur reste en surface. Pratique quand on travaille avec des couleurs très diluées, mais pour l’illustration avec des aplats de gouache opaques, ce n’est pas l’idéal. Ça marque et c’est moche. Ou alors il faut procéder en plusieurs couches.

De plus j’ai trouvé que la couleur une fois sèche avait un coté artificiel. Dommage, au prix des gouaches extrafines !

5. La carte d’Art Sennelier

Lisse, agréable, ce papier très fort (340g) supporte toutes les techniques. Je trouve qu’il est satisfaisant côté absorption : juste ce qu’il faut pour limiter les traces, faire de beaux aplats bien nets et avoir une belle adhérence de la peinture. Son grain est relativement lisse, mais pas trop et la surface est bien blanche, bien mate. Il est possible de calligraphier dessus, pas de risque d’effet buvard. Les couleurs une fois sèches ont un beau rendu, profond, velouté.
Seul inconvénient par rapport aux autres, le prix…

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Papier Carte d’Art Sennelier

6. Le papier Ingres MBM

Ce beau papier luxueux est légèrement tramé. Très doux, il est agréable à travailler. La gouache se comporte très bien dessus. Bonne absorption, peu de traces et de très beau jeux de transparence. Il est possible de travailler avec précision, malgré la trame, qui au final, apporte un bel effet de texture. C’est le papier que j’ai utilisé pour mon nuancier d’Aquarelles Gansai.

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Ingres Arches MBM

7. Les papiers Editions d’Art

Ces papiers luxueux sont conçus pour ce qu’on appelle les éditions d’art, notamment les tirages de (lino)gravure. Ils se doivent donc d’offrir une très belle qualité pour la conservation, mais aussi pour l’absorption de l’encre et la précision. J’utilise généralement du Fabriano Rosaspina et du Canson Edition. Le Canson BFK Rives offre également une très belle qualité pour la peinture et la calligraphie, mais il est beaucoup plus onéreux. J’ai un faible pour le Fabriano, car je trouve le toucher vraiment très agréable et il est disponible dans une teinte “antique” très vintage.
On peut les utiliser pour des lavis très dilués ou en aplats opaques. Et là, attention les yeux : les couleurs s’étalent très bien, pénètrent le papier en profondeur sans fuser et une fois sèches, c’est le paradis.
Avec le Ingres MBM, ce sont les papiers avec lesquels j’ai les meilleurs résultats en terme de vibrance de la couleur : elles sont vraiment lumineuses et très profondes. Même les couleurs froides sont magnifiques.

Le seul équivalent que j’ai eu, c’est avec le papier aquarelle Canson Héritage en grain satiné. Seulement, le prix est prohibitif !

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Papier Fabriano Rosaspina
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Papier Canson Héritage – Grain Satiné

Je n’ai pas testé tous les papiers de la terre, et je n’aborde ici que ceux que j’ai utilisé récemment pour un usage précis : illustrations à la gouache, avec un peu de lettrage et de calligraphie. J’avais donc besoin de supports qui permettent la précision et qui magnifient la couleur.

En résumé :

  • Un medium (peinture, encre, feutre…) va avoir un comportement très différent d’un papier à l’autre. Si vous achetez un carnet, avant de vous lancer, déchirez la dernière page et faites des essais avec vos médiums favoris pour vérifier leur comportement (notamment pour voir si ça fuse…)
  • Une œuvre peut paraître très insipide sur un papier donné : si vos choix de composition et de couleur étaient bons, il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas. Essayez avec un autre papier…
  • N’hésitez pas à changer de papier en fonction de vos projets.
  • N’ayez pas peur d’utiliser des papiers “luxueux”. Si vous travaillez des heures sur une œuvre, autant que le résultat soit à la hauteur; Or la qualité du papier, vous l’avez compris, fait partie intégrante de l’œuvre. Il apporte énormément en terme de texture, de luminosité, de profondeur et d’éclat.
  • Comme pour les plumes pointues, chaque artiste trouvera papier à son pied (cela ne se dit pas du tout, mais on se comprend). Chacun a ses propres attentes en terme de rendu, et sa propre manière d’utiliser les médiums. D’autre part, il y a le toucher que je ne peux pas restituer en photo, et qui a son importance.

Il n’y a donc pas de vérité absolue, et cet article est là pour vous exposer mes constats sur les papiers utilisés ces derniers mois. Je ne saurais trop vous conseiller de faire vos propres expériences !

Pour aller plus loin :

peindre à la gouache

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4 thoughts on “Quels papiers utiliser pour peindre à la gouache ?”

    1. Bonjour,
      Désolée pour la réponse un peu tardive, vacances obligent ! Oui, j’ai déjà essayé le gesso sur du papier aquarelle, mais pas pour faire de l’aquarelle… plutot pour un travail avec des encres ou de l’acrylique ou des pigments.

  1. Super contenu ! Surtout que je recherche à faire des illustrations à la gouache avec un rendu daplat sans remarquer les traces de pinceaux comme si ct du numérique. Que me conseilles tu en termes de gouache, liant et papier ?? Merci d’avance

    1. De la gouache extra-fine, la Linel étant en France le meilleur rapport qualité prix.
      Je n’utilise pas de liant, elle contient suffisamment de gomme arabique. En revanche, je mets parfois une goutte de fiel de boeuf pour la détendre et favoriser l’accroche sur le papier.
      Une goutte suffit, ou 2/3 goutte dans ton gobelet d’eau.
      Pour les aplats bien nets, la meilleure technique que je connaisse c’est de procéder en plusieurs étapes comme j’ai appris en enluminure : une couche diluée, et plusieurs couches ensuite un peu plus denses.
      Il faut bien attendre que la couche précédente soit sèche.

      Voilà pour la gouache. Je vais prochainement tester des “acryla-gouache”, un médium à mi-chemin entre l’acrylique et la gouache. Visiblement c’est aussi souple à travailler que la gouache et aussi éclatant et couvrant que l’acrylique. Pour les aplats bien réguliers, cela me semble être une solution. Je ferais un article sur mes tests (je les reçois la semaine prochaine, on ne les trouve malheureusement pas en France).
      A suivre !

      PS : pour le papier, j’ai listé dans l’article ce que j’utilisais. Il faut que tu fasses tes propres tests pour trouver le papier qui te convient le mieux ;-).

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